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Il s’arme dans son cœur pour la terrible veille :
Combat désespéré, formidable merveille,
Dont jadis le Cédron, tout grossi de ses pleurs,
Ne vit qu’un faible essai dans l’homme de douleurs.

Car dans le saint des saints le jugement s’exerce ;
Car c’est l’heure suprême et terrible où Dieu verse
Sur la tête du fils le calice apprêté,
Et qui, pour s’épancher, n’a plus l’éternité.
Le saint des saints voilé dans sa majesté tremble



Tout à coup une voix du fond du ciel rassemble
Les mille chérubins épars, que le Dieu fort
Avait nommés du nom des anges de la mort,
Quand elle triomphait, et que sur leurs fronts sombres
S’étendait, pour bandeau, la terreur de ses ombres.
« Reprenez votre deuil et le nom redouté
« Dont la mort surchargeait votre immortalité,
« Dit la voix… Le Seigneur attend et vous regarde,
« Et veut au saint des saints vos ténèbres pour garde. »
Et tous ces chérubins, blancs sous leurs ailes d’or,
S’épouvantent, ainsi que les femmes d’Endor,
Lorsque sur le trépied chargé de noirs présages
Elles allaient du dieu revêtir les orages.
Ils voudraient s’envoler ; car, si doux et si beaux,
Ils n’ont plus souvenir du chemin des tombeaux ;
Car, pour couvrir leur front de la sombre parure,
Il leur faut dénouer les lys de leur ceinture,
La couronne cueillie aux célestes vallons,
Et les feux s’enlaçant au vol des cheveux blonds ;