Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le mien est un tombeau, je n’aime plus…


SÉMIDA.


                                                                      Je t’aime.


IDAMÉEL.


Et qu’as-tu fait pour moi sous le soleil lui-même,
Sous le soleil mourant qui, pour se ranimer,
Ne te demandait rien que de vivre et d’aimer ?
Qu’as-tu fait pour l’amant qui t’avait encensée,
Et qui posait sur toi l’œuvre de sa pensée ?
Après m’avoir séduit, après avoir voulu
Interrompre ma course à travers l’absolu ;
Après avoir voulu, décevante ironie,
En jetant ton écharpe, entraver le génie,
Craintive et me cherchant, me fuyant tour à tour,
Ta mystique frayeur a dégradé l’amour.
Bien plus coupable qu’Eve, oh ! sa dernière fille,
Éteignant par ta mort le jour et la famille,
Sans flamme et sans bonheur ton sein a refusé
De rajeunir en lui le vieux monde épuisé !
Et l’on te vit jeter, perdant la race humaine,
L’univers au néant, ton amant à la haine ;
A la haine implacable, et je m’en suis fait roi :
Cette royauté-là peut se passer de toi.
Je règne, Sémida, sans rival, sans partage ;
Je règne plus que Dieu, car je hais davantage ;
Et ne changerais pas mon empire agité
Contre le lourd sommeil de son éternité !


SÉMIDA.


Et c’est moi, moi, ta sœur, moi, qui t’ai fait descendre