Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’autre pour arroser de vie
Le rameau fané sur son cœur.

Je porte trois présents à ses pieds, en hommages ;
Dans mon sein renfermés trois souvenirs de lui,
Attendant comme les rois mages
Qu’en mon ciel son étoile ait lui.

Les heures de l’exil pour nous deux étaient douces ;
Les lys ne mouraient pas quand il les regardait,
Ni sous le palmier, dans les mousses,
Les colombes qu’il me gardait.

Dans son génie ardent se perdait ma pensée,
Comme un songe s’enfuit vers l’Orient vermeil ;
Comme une goutte de rosée
Quitte la fleur pour le soleil.

Je veux te faire reine avec mon diadème,
Disait-il ; j’ai pour toi sauvé l’astre des jours…
Ensuite il me disait : — Je t’aime ! —
Je mourus, pour l’aimer toujours.

En vain dans chaque lys de la sainte corbeille,
Pour moi le Paradis a mis un rêve d’or :
Mon cœur, non semblable à l’abeille,
Dans un seul calice s’endort.

Lorsqu’il m’appelait son amante,
Les anges m’appelaient sa sœur :
Il doit me reconnaître à cette plainte aimante,
Si ma voix, dans le ciel, a gardé sa douceur. »