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Cependant, chef guerrier qui visite son camp,
Tel qu’un rocher que lance un souffle de volcan,
Idaméel montait vers les plages fumeuses
Où flottent du chaos les enseignes brumeuses.
Son œil surveille au loin les mobiles remparts ;
Il rassemble sous lui leurs tonnerres épais ;
Et dans ses fortes mains, plus haut que les nuages,
Il aime à soulever le sceptre des orages.
Il aime à voir venir leurs vagues à grand bruit,
Baigner ses pieds puissants plus glacés que leur nuit.
Il aime à promener dans leur lutte profonde
Son âme, autre chaos, d’où pouvait naître un monde.
Mais, tandis que ce roi, troublé dans son orgueil,
Se comparait lui-même à son royaume en deuil,
Une plainte passa, dans les vents absorbée,
Comme aux flots d’un torrent la jeune fleur tombée ;
Plus douce que les sons vaporeux du kinnor,
Dont les cheveux d’un sylphe ont touché les fils d’or.



CHANT DE SÉMIDA.


« Lorsqu’il m’appelait son amante,
Les anges m’appelaient sa sœur :
Il doit me reconnaître à cette plainte aimante,
Si ma voix, dans le ciel, a gardé sa douceur.

Deux souffles de l’Éden, dans mon vol, m’ont suivie :
Le premier pour baiser ses yeux avec langueur,