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« Chaque nouvel éclat à cette âme ajoute
« Luira sur nos soleils et te sera compté.
« Prends en moi des rayons pour toutes ses pensées.
« Écartant de son sein les ombres insensées
« Qu’elle imite ta voix pour apprendre à parler,
« Et contemple à genoux ton vol pour s’envoler !
« N’adorant, ne voyant que ce que tu regardes,
« Qu’on lise sur ton front que c’est toi qui la gardes !
« Qu’elle sente toujours, s’ils voulaient l’enchaîner,
« Entre elle et ses désirs ton aile frissonner !
« Prépare-lui, de loin, sa moisson d’asphodèle,
« Sois l’horizon de Dieu calme et pur autour d’elle ;
« Et même, s’il le faut, protége-la, jaloux,
« Veillant d’amour ainsi que l’œil d’un jeune époux.
« Pour l’enfant sois le jour ; deviens un pâle cierge
« Pour la veuve ; un doux rêve au lit blanc de la vierge ;
« Pour l’humble fiancée, à sa main gauche encor
« Étincelant d’espoir, sois le chaste anneau d’or,
« Et du sein de sa mère au sein qui l’a créée,
« Ange, rapporte l’âme entre tes mains livrée !! »
Oh ! combien de ces fleurs toutes pleines de miel,
Ont fleuri, sous mes yeux, pour l’abeille du ciel !
Combien mon aile heureuse et forte et qui flamboie,
Porta d’âmes en pleurs dans l’éternelle joie !
Et toutes à présent parent mon beau jardin.
Toi seule, Sémida, tu languis dans l’Éden,
Et tu fuis, imprudente ?


SÉMIDA.


                                         O mon ange, pardonne !
Pardonne.