Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Et portant sans fléchir son poids d’éternité,
« Sans nul vide en son sein, plein de sa quiétude,
« De son immensité peuplant sa solitude.
« Il voulut cependant, par libéralité,
« Épancher les trésor de sa fertilité,
« Et laisser à longs flots s’écouler, comme une onde,
« Le trop plein du bonheur infini qui l’inonde :
« Et l’ange fut alors, l’ange éclos à la fois
« Des flammes de son cœur, des souffles de sa voix,
« Sa créature aimée et grande et forte et libre,
« Dont l’aile harmonieuse à sou unisson vibre ;
« L’ange !… Mais le plus beau de tous se révolta,
« L’amour devint l’orgueil, et le mal exista.
« On ôta du blé pur l’archangélique ivraie ;
« Et de son cœur blessé voulant fermer la plaie,
« Dieu lit l’homme… il fit l’homme orné de liberté,
« Don suprême, en qui l’être a sa réalité ;
« Don suprême, sans qui la parole est silence !
« Don, où le Créateur a mis sa ressemblance !
« Et qui dans chaque cœur de désirs combattu,
« Rend possible le mal pour créer la vertu ;
« Signe d’élection, magnifique symbole,
« Et des trésors divins la plus splendide obole.
« C’est le baiser du père, et l’homme nouveau-né,
« Le reçut sur son front de grâce couronné,
« Au moment où l’esprit, s’unissant à la fange,
« Dotait de sens mortels une forme de l’ange,
« La plaçant dans Éden, pour que son œil subtil
« Pût juger la patrie aux beautés de l’exil.
« Oh ! quelle aube du ciel prépara sa paupière
« A pouvoir contempler l’amour et la lumière !
« Quel ami lui parla pour la première fois,