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« Pouvoir lire son nom sur le disque du jour ;
« Mais le jour ignorait de quel nom il se nomme,
« Et je vis le soleil rire du cœur de l’homme,
« Avec le moucheron né d’un souffle des airs,
« Avec Léviathan né du choc des deux mers.
« Et je vis, immobile au pied de ma colonne,
« Jérusalem mentir autant que Babylone ;
« Et lorsque j’entendis vagir le Christ naissant,
« Long rêve douloureux d’un monde vieillissant,
« Mon œil le reconnut sous ses mythes étranges,
« Et le sang d’Adonis teignait encor ses langes.
« Et mon savoir moqueur, en riant, compara
« L’agneau de Bethléem au taureau de Mithra ;
« Et je dis, soulevant le voile de Marie :
« C’est la mère d’Horus qui change de patrie.
« Dieu n’est point… Cesse donc d’ameuter les enfers.
« Contre ce nom rival, mort avec l’univers. »

Ainsi parle le sphinx… Idaméel réplique :
« Ton œil s’est affaibli sous le soleil d’Afrique,
« O sphinx ! s’il n’a jamais pu déchiffrer un nom
« Que chaque jour l’aurore enseignait à Memnon.
« Dieu, le grand ennemi, le tyran solitaire,
« West pas un rêve éclos des sommeils de la terre ;
« Tout l’espace était plein de ses créations ;
« Son souffle éternisait les générations ;
« Mais, semblable à l’idole adorée au Mexique,
« Qu’on nourrissait du cœur d’un enfant de cacique,
« Ce dieu fort et jaloux, sur sa proie acharné,
« Tordait le cœur saignant du monde nouveau-né.
« Oui, ce vautour du ciel en faisait sa pâture ;
« Son ongle s’y gravait de torture en torture,