Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée


De peur de se trahir peut-être… ou d’aveugler
Par trop de rayons ceux qu’il venait consoler.
On devine à son pli, tracé dans la lumière,
Que la foi sur sa lèvre a gravé la prière.
Il tient, tel qu’un pasteur, un roseau dans sa main ;
Ses doigts ont un anneau comme en un jour d’hymen !
Autour de lui, de loin, et d’un vol unanime,
Comme autour d’un flambeau les spectres de l’abîme
Circulent, sans savoir s’ils doivent l’éviter,
Ou si dans ses lueurs l’enfer peut s’abriter !

« Tous mes sujets sur toi fixent un œil avide ;
« Vois au-dessous du mien ce trône resté vide,
« Dit le monarque ; vois, c’est celui d’où Satan
« Tomba pour se creuser un tombeau pénitent.
« Mesure sa hauteur avant d’y prendre place,
« Et compte tous les dards du serpent qui l’enlace. »
L’être inconnu s’approche, et puis monte à pas lents
Du trône délaissé les hauts degrés brûlants ;
Et sous son pied distrait écrase la couleuvre
Qui s’agitait déjà pour se remettre à l’œuvre.

Idaméel reprend… « Ton génie a des droits
« A siéger près du mien dans le conseil des rois.
« Le génie en tout temps, force qui se contemple,
« Dieu qui meurt étouffé s’il n’agrandit son temple,
« Veut d’illustres projets, et sans te faire affront,
« Nous en méditons un plus vaste que ton front.
« Nous allons, devant toi, le discuter encore ;
« Viens grossir d’un éclair l’orage près d’éclore. »

Le sphinx se lève, il veut ouvrir ce grand débat.