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Le nuage poudreux dont il remplit les airs ;
Et son sang amoureux, qu’un fiel ardent altère,
En rapide torrent change en lui chaque artère.
Un jour que, pour charmer cent mille spectateurs,
Il avait bu le sang de trois gladiateurs,
Et que vers l’empereur s’exhalait en hommage
De son sein haletant la vapeur du carnage,
La porte s’ouvre ; on jette en ce cirque odieux,
En lui disant : — Choisis des lions ou des dieux, —
Une sainte inspirée, une jeune fidèle
Qui nouait la pudeur de son voile autour d’elle,
Et dont le front encor rayonnait arrosé
Du baptême furtif dans le Jourdain puisé.
Le lion l’aperçoit, il tressaille, il se dresse ;
L’éclair de ses fureurs passe dans sa tendresse ;
Il bondit devant elle, et fier, les crins en feu,
Il s’offre pour amant, à l’épouse de Dieu.
A son étrange hymen son cri royal l’invite !!!
Comme un volcan qui bout sa poitrine s’agite ;
Puis sur la rouge arène il allonge son flanc,
Il semble se baigner dans le sable brûlant ;
Et l’œil sur la chrétienne, en triomphe il déploie
Sa crinière orageuse où son amour ondoie.
Et la sainte qui croit ne donner que son sang,
Qui ne soupçonne pas cet hymen rugissant,
S’avance vers le monstre et du geste l’attire ;
Le lion immobile adore la martyre.
Et quand Tibère enfin a dissipé l’erreur,
Ne voyant plus la mort, elle fuit de terreur.
Elle franchit le cirque en sa largeur immense ;
Sa voix, ses yeux, ses mains osent crier clémence,
Car le lion est là, sous le lin aux longs plis,