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La révolte à présent plus terrible se lève ::
Elle s’est recrutée au flanc libéral d’Ève,
Et ses nouveaux soldats, placés aux premiers rangs,
Dépassent tous du front les anges vétérans.
Ils entourent leur chef d’un belliqueux murmure ;
Ses amours méprisés brûlent sous leur armure.
Ils veulent conquérir pour le roi des maudits,
La blonde Sémida, chantant au Paradis.
Leur sacrilège espoir vient déchirer les voiles
De ce front qui triomphe au-dessus des étoiles ;
Et, levant jusqu’à lui l’œil de l’impureté,
Souille en la contemplant sa céleste beauté.
Leur sacrilège espoir, vierge aimante et craintive,
Effeuille le lys blanc de ta pudeur native ;
Et déjà vers le ciel leur flétrissante main
S’étend, pour te traîner à l’infernal hymen.

Le cirque nourrissait jadis, beau de colère,
Un lion monstrueux élevé par Tibère :
Son regard, disait-on, jamais ne remarqua
La lionne aux poils roux des déserts de Barca,
Et ne s’alanguissait en flammes caressantes,
Que sous l’œil velouté des vierges innocentes.
Son élastique bond tient de l’aigle en son vol.
Comme un levier de fer, le muscle de son col
Prête une force immense à sa gueule écumante,
Lorsque pour ses combats il l’élargit fumante ;
De sa queue en fureur il déroule les nœuds,
Et le tonnerre habite en ses flancs caverneux.
Ses dents font à grand bruit crier les os. qu’il broie ;
Sous sa langue épineuse il sillonne sa proie.
Son œil étincelant illumine d’éclairs