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Toute voix de ce globe aurait été bannie :
Je portais dans mon sein l’âme de l’harmonie.
J’avais des bruits rêveurs, des murmures cachés,
Pour l’onde solitaire et les saules penchés.
Je trouvais des soupirs et des accents funèbres
Pour les cyprès des morts pleurant dans les ténèbres.
Et mon souffle amoureux courait le long des eaux
Éveiller mollement le frisson des roseaux.
Adieu, mes ramiers blancs, vous peuplades d’atomes,
Envergure de l’aigle embrassant mes royaumes ;
Aérostats brillants où l’homme, dans ses jeux,
Osait porter la main sur mon sceptre orageux ;
Vaisseaux du firmament dont je gonflais les toiles,
Qui saviez conquérir mes deux ailes pour voiles ;
Tous les enchantements de mon empire… adieu !
Je prends vos souvenirs et les reporte à Dieu !!!


L’ANGE DES FORÊTS ET DES FLEURS.


J’eus toujours des parfums pour le convoi des vierges :
La rose en pleurs s’ouvrait aux feux tremblants des cierges.
Des rameaux pâlissants, des fleurs filles du jour,
Suivaient la jeune amante à son dernier séjour !
Mais ta mort, Sémida, ta mort veut pour offrande
Le tribut embaumé de toute ma guirlande :
Mes glaïeuls, mes palmiers, mes forêts de santal,
Elle emporte au cercueil le monde végétal !
Ma douce royauté comme la vierge expire.
Le sceptre défleuri du verdoyant empire
Échappe de mes doigts, et la sève en torrents
Cesse de circuler dans mes rameaux mourants.