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« De peur d’incendier l’idole qu’il s’est faite.
« Je t’aime ; que m’importe ou ma gloire ou le jour ?
« Ma gloire est un prétexte à te parler d’amour.
« A l’univers qui meurt quand ma voix t’intéresse,
« Je veux dans ta pitié surprendre ta tendresse ;
« Je t’aime, et tout le bruit de l’immortalité
« N’est qu’un néant sonore auprès de ta beauté.
« Oh ! ne me parle plus du ciel, vierge adorée ;
« Trop longtemps de mon cœur le ciel t’a séparée !
« Ses pâles séraphins sont presque tes amants ;
« Le mépris en amour défend mal des tourments ;
« Toujours, autour de toi, quelque odeur d’ambroisie
« Fait en parfums amers flotter la jalousie.
« Ton Éloïm m’assiège, il me vole tes vœux ;
« Son aile, à mes baisers disputant tes cheveux,
« Déjà dans son orgueil contre moi se mesure ;
« Son aile se rougit au sang de ma blessure.
« Même jusqu’à tes pieds, il m’apporte du ciel
« Des rayons de souffrance et des souilles de fiel.
« Mon sein qui le pressent, se glace veine à veine ;
« Invisible à mes yeux, je le vois dans ma haine ;
« Et mon bonheur expire et semble, frémissant,
« Tomber du paradis d’où mon rival descend.
« Je meurs, si plus longtemps il usurpe ma place.
« Viens, et qu’autour de toi mon délire s’enlace !
« Viens, viens entre mes bras, malgré l’oracle vain,
« Doubler l’âme du monde à mon baiser divin !… »

Et je sentis alors, conquête glorieuse,
Fléchir de sa pudeur l’aile mystérieuse.
Je sentis dans mes bras sa prière mourir.
Comme au sein des lys bleus l’abeille vient tarir