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« Un simple fils d’Adam aurait souillé ta couche,
« Disait Cléophanor, et moi qui l’ai compris,
« A ton céleste hymen j’ai su mettre son prix.
« On m’a vu ramasser, dans ma course hardie,
« Ce sceptre universel que ma main te dédie :
« Magnifique présent, joyau de fiancé,
« Dans ta douce corbeille en triomphe placé !
« J’ai su, de l’absolu déchirant tous les voiles,
« Conquérir notre amour d’étoiles en étoiles.
« Notre amour ! seul trésor de ma jeune cité,
« Complément radieux de ma divinité ;
« Ma gloire, mon bonheur, mon plus sacré miracle !
« Viens, habite avec moi ce vivant tabernacle ;
« Ta tête sur mon sein, viens, dans ce char d’éclairs,
« Pour en chasser la mort, parcourir l’univers !
« Cessons de l’affliger avec tes vœux arides ;
« Au front de ses printemps n’imprimons pas des rides,
« Et du bord de ses mers, jusqu’à ses monts glacés,
« Et lui portant nos feux, volons entrelacés.
« Que ma palme par toi ne me soit plus ravie.
« Mon chef-d’œuvre est de marbre, oh ! donne-lui la vie !
« Ce chef-d’œuvre incomplet à l’espoir appartient ;
« En s’animant de toi, qu’il devienne le tien !
« O toi ! la plus aimée entre tout ce qu’on aime,
« Prends pitié, Sémida, de mon beau diadème !
« Viens, viens ! ne laisse pas, enfant consolateur,
« Un géant tel que moi tomber de sa hauteur.
« Sous le froid prolongé de tes larmes esclaves,
« Du volcan créateur ne glace point les laves ;
« En spectre désolé ne change pas le dieu ;
« Sois fidèle au soleil et non pas à ton vœu.
« Sauve-moi, sauve-nous, il en est temps encore.