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« Et lorsque ses rayons, dans leurs candides veilles,
« Venaient à découvrir une de ces merveilles,
« L’étoile, pour la voir, redoublait de clarté ;
« Du dévoûment sublime éclairait la beauté,
« Et baisait chastement, toute contemplative,
« De l’océan du cœur cette perle native.
« Mais l’autre, étincelant à la même hauteur,
« Portait sur les méchants son rayon scrutateur,
« Épiait les forfaits, éclairait l’adultère,
« Souillait son diadème aux fanges de la terre ;
« Et sans blanchir leurs flots, heureuse devant eux,
« Prenait leur flétrissure en son disque honteux.
« Or, elle fut maudite, et toi, tu fais comme elle ;
« Ton regard triomphant dans mon âme démêle
« Les profanes désirs qui se cachent au jour.
« Oh ! n’anéantis pas la vertu par l’amour !
« Lorsque l’aurore au ciel s’éveille, elle décore
« Des saphirs du matin le lys qui vient d’éclore.
« Lorsqu’une mère près de son fils au berceau
« S’éveille, elle choisit son plus brillant joyau,
« Afin d’en couronner cette tête charmante :
« Toi, tu choisis le mal pour parer ton amante.
« Hélas ! les passions que l’on sert à genoux,
« Nous aveuglent avant de se saisir de nous,
« Comme un faucon, pour prendre un troupeau de gazelles,
« De leurs yeux grands et doux dévore les prunelles. »

Ainsi parle la vierge, en proie au feu caché
Du philtre inexorable à son cœur attaché ;
Et sa molle pudeur en rougissant m’évite,
Et mon amour, craignant de l’effrayer trop vite,
S’entoure de prestige, et se fait précéder