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« Ce monastère, avec tous ses trésors de foi,
« Voulez-vous, roi puissant, le rebâtir pour moi,
« Afin que si mon ange Éloïm me seconde,
« J’aille y prier pour vous jusqu’à la lin du monde ?

« — Quoi ! mes mains relever l’église d’Ekmaïm,
« Pour qu’un temple de plus s’ouvre à ton Éloïm ?
« Pour que ton faible cœur éveille en chaque pierre,
« Contre ma royauté, la voix de la prière ?
« Non, non !… J’habituerai tes yeux, loin du Seigneur,
« A reposer sur moi l’éclat de leur bonheur.
« Je saurai, reprenant les droits qu’on me conteste,
« Endormir mon amante en sa pourpre céleste !…
« Ce monde, Sémida, de mon souffle animé,
« Ne finira jamais si je puis être aimé !
« La vie à flots heureux dans ses veines circule ;
« Il suit Idaméel, et tu veux qu’il recule !… »

Alors tout égarée : — « O mon Idaméel,
« Est-ce donc reculer que de monter au ciel ?
« Ton amour m’éblouit et de Dieu me sépare.
« C’est l’astre des marais qui brille et nous égare ;
« C’est le myrte d’argent, donné par les démons
« Pour nous faire accomplir le mal que nous aimons ;
« C"est le gnome de flamme, et qui dans Rome ancienne
« S’échappait de l’anneau d’une magicienne,
« Pour attirer la vierge au seuil de son amant,
« Ou surprenait les cœurs du fond d’un diamant.
« Écoute, Idaméel ! Suivant leur double voie,
« Deux étoiles au ciel brillaient ; l’une en sa joie
« Se penchait et cherchait sur la terni, la nuit,
« Les belles actions dont le mystère luit ;