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« L’éléphant accroupi portant des dieux d’airain ;
« Et le lac d’Aghtamar, d’un antique royaume,
« A tes pieds, Sémida, jettera le fantôme,
« Comme il jette le soir sur ses bords frémissants,
« La perle qu’il roulait dans ses flots caressants. »

Elle me répondit : — « Mon seigneur et mon maître,
« Puisqu’à votre désir vous pouvez tout soumettre,
« Je vais, sans redouter un sourire railleur,
« Oser vous demander ce que je crois meilleur.
« Près des murs d’Érivan il fut un monastère
« Qu’on venait visiter de bien loin, quand la terre
« Avait des habitants qu’elle pouvait nourrir ;
« Monastère où vivaient pour prier et mourir,
« De vigilants chrétiens, tous vers le ciel en marche ;
« Monastère bâti des mains d’un patriarche,
« Dont les pilastres d’or, immenses en hauteur,
« Marquaient la région des pensers du sculpteur.
« Du côté d’Orient s’ouvrait chaque chapelle,
« Comme une fleur du jour que la lumière appelle.
« Tout était symbolique en ces lieux, et l’on dit
« Que du temple éternel le Sauveur descendit,
« Pour marquer d’un rayon les contours de l’Église :
« Vision de l’amour que la foi réalise !
« Toujours ce monument d’encens était voilé ;
« Trois clochers s’élevaient sur son cintre étoile,
« Et cherchant de plus près la céleste ressource,
« Ramenaient dans les airs la prière à sa source.
« La cendre des martyrs que des fleurs embaumaient,
« Que des baisers pieux sans cesse ranimaient,
« Dans des châsses d’argent s’y gardait renfermée ;
« Il possédait le cœur de sainte Ripsymée.