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Notre harpe d’airain eut une voix de plus.
Du centaure espagnol tes condors s’effrayèrent ;
Plus que tous nos mousquets nos mœurs te foudroyèrent ;
Les fils du Sénégal traversèrent les eaux,
Vinrent pétrir de pleurs le miel de tes roseaux.
Sous les brises du soir, aux bords de ton rivage,
Le vaisseau négrier balança l’esclavage ;
Et pour vomir sur nous l’or des liions sanglants,
Ta Cordillière avare ouvrit ses larges flancs.

J’apporte d’autres dons, et mon œil te regarde,
Et ton nouveau réveil est commis à ma garde,
Amérique ! je viens te rendre ta beauté,
Dans mon voyage heureux par la vie escorté.
Oui, je viens… et soudain mon bras, sous cette zone,
Rouvre, comme une mer, le lit de l’Amazone.
Antiques soupiraux que le temps a fermés,
Trente volcans éteints, à ma voix ranimés,
Fument, et vont nourrir du vent de leur cratère
Le feu générateur aux veines de la terre.
Dans les bois de santal, encor sans habitants,
La rose vient éclore aux bourgeons du printemps ;
Et de magnolias couvrant un sol aride,
Mon regard a rendu son nom à la Floride.

*


Puis, je reprends mon vol vers l’Afrique ; et des vents
Je combattais dans l’air les souffles décevants,
Lorsque apparut au loin, à mon œil prophétique,