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Du saule où tes pêcheurs attachaient leurs radeaux !
Tes huttes d’une ruche imitant la structure ;
Tes verts figuiers, témoins de la triste aventure
De Lois, immortel sous les traits d’une fleur
Dont il eut l’innocence et la Manche couleur ;
Tes îles, au printemps, du cygne visitées,
Couvertes de glaïeuls et de treilles plantées ;
Et la tour en ruine, et le vaisseau d’Isis
Qui donna son doux nom aux murs des Parisis !

Je néglige Albion, et l’aile déployée,
Laissant au fond des mers la Hollande noyée,
Des fleuves nourriciers j’explore les berceaux :
Sommets européens qui partagent les eaux.
Je cherche si le temps n’a pas faussé leur pente,
Et de ces points du globe altéré la charpente,
Interrogeant les rocs dont ils sont hérissés,
Prêt à porter la main aux endroits menacés.
J’embrasse d’un élan, et de faîtes en faîtes,
Tout ce que Charlemagne amassa de conquêtes ;
Et lorsque sous mes pieds la Pologne apparaît,
J’incline ma grande aile en signe de regret.
Si je n’ai devant moi qu’une plage vulgaire
Que n’a point illustrée ou la muse ou la guerre,
Je franchis un espace immense en peu d’instants ;
Mais mon essor s’arrête, et je plane longtemps
Sur les points glorieux dont ma route est semée,
Et l’on peut à mon vol juger leur renommée.

Je visite en passant les rocs Ouraliens,
Du pôle au lac d’Aral granitiques liens.
Je traverse dans l’air, en suivant d’autres chaînes,