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N’avait pas même un nom sur la rive Erythrée.

Mais quand l’homme vieillit, quand sa mâle raison
Osa de son bonheur déplacer l’horizon,
Il vit tomber Balbeck, il déserta Palmire :
Chaque siècle appauvrit l’Orient d’un empire.
L’âme humaine, semblable au barde de Morven,
Trouva sous les brouillards son chant le plus divin.
L’espérance changea, les lois se transformèrent ;
Sur le sol d’Occident tous les beaux noms germèrent,
Et la fleur de la vie eut un autre réveil
Qui ne demanda plus ses parfums au soleil.
Alors ce fut ton tour, Europe sérieuse !!!
Changeant en sceptre lourd ta croix mystérieuse,
Tu régnas sans partage ; et l’esprit, plus puissant,
Fut moins soumis, peut-être, aux révoltes du sang.
Salut ! d’un jour nouveau tu verras briller l’aube,
Vieux continent penseur, cerveau de notre globe !!!

Et toi, Lutèce, toi, ville aux mille palais,
Ville dont les pavés combattaient les boulets !!!
Je veux qu’une autrefois l’Europe t’appartienne ;
Et sous ma royauté tu reprendras la tienne.
Sur tes bords, aujourd’hui, je cherche vainement,
De tes grandeurs d’hier quelque large ossement !
Ta colonne, ton arc, ta funéraire aiguille,
Que tu vins près du Nil ravir à sa famille ;
Rien n’indique à mon œil la place où fut Paris :
L’Occident ne sait pas conserver les débris.
Oh ! que sont devenus les jours où, sans défense,
Tu payais à César tribut pour ton enfance !
Oh ! que sont devenus les bleuâtres rideaux