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Du chaos de Milton sous le vol de Satan.
Puis rendant, tout à coup, le jour à ma prunelle,
Aux sommets de l’éther j’allais sécher mon aile.
Dans ces luttes jamais ma force ne ploya.
Mieux que l’ancien pasteur des monts Hymalaya,
Oh ! comme de l’azur je déchirais les voiles !
Comme j’agrandissais la liste des étoiles !
Et comme avec fierté, loin des champs sablonneux,
Je présentais mon front à leurs fronts lumineux !
Moi qui, fendant si haut l’atmosphère muette,
Semblais un satellite autour de sa planète !
Les grands volcans fumaient au loin en noirs trépieds.
Je voyais le soleil se lever sous mes pieds.
Et, sans oser tenter les hauteurs que j’affronte,
Les aigles se disaient : — C’est notre roi qui monte. —
Je les laissais ramper dans leur vol nébuleux.
Les sables blancs, coupés par les longs fleuves bleus,
Fuyaient, disparaissaient sous mon regard superbe ;
Les cèdres décroissaient au niveau du brin d’herbe.
0 spectacle magique ! ô tableau de splendeur !
Chaque objet qui s’efface ajoute à sa grandeur.
Je comprenais pourquoi les mages et les brames
Avaient fait des oiseaux le symbole des âmes ;
Et pourquoi l’aruspice, au laurier radieux,
Enchaînait à leur vol l’avenir fils des dieux.
Je comprenais pourquoi l’air qui nous désaltère
Nous semble si chargé des limons de la terre ;
Pourquoi l’homme ici-bas tend éternellement
Ses bras désespérés vers un autre élément :
Lui, rampant et captif dans sa vie éphémère,
Enfant toujours collé sur le sein de sa mère.