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De ses esprits de feu l’électrique torrent.
Sa voix renferme un dieu, sa pâleur surhumaine
Semble un masque arraché du front de Melpomène ;
On doute si ses yeux lancent, à peine ouverts,
Du crime ou du talent les tragiques éclairs.
Sa noire chevelure à tous les vents livrée,
Rehaussant de ses traits la démence inspirée,
Flotte comme un nuage et flagelle son front…
Délire foudroyant que ses pleurs expieront !
Pour s’approcher des cieux, pour étonner la terre,
Son âme sulfureuse entr’ouvre son cratère,
Éclate, et le présent ne peut plus contenir
L’ouvrage olympien lancé dans l’avenir.
Telle sous mon grand front circulait la tempête,
Lorsqu’un monde nouveau jaillissait de ma tête.

Déjà l’astre du jour, dans l’orbe qu’il décrit,
Sur son disque vivant porte mon nom écrit.
Je vois se redresser ces peuples en prière,
Que mon premier miracle inonde de lumière,
Ces peuples mutilés qu’un signe noir marquait :
Convives de la mort qui changent de banquet !
Dont l’œil, baissé vingt ans, se lève, et me contemple
Comme un dieu méconnu qui reconstruit son temple.
On foule aux pieds la croix, talisman sans vertu ;
Je m’élève en Sauveur sur le Christ abattu.
La peste fuit des airs,., et j’ai, dans sa patrie,
Du typhon dévorant muselé la furie.
Qu’il est beau de rouvrir tant de fleuves taris !
Qu’il est beau de lutter contre un si grand débris !
Sous chacun de mes pas un sépulcre s’efface ;
Ce globe, ranimé du centre à la surface,