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« La réprobation d’Idaméel s’éloigne,
« Le jour ressuscité de mon pardon témoigne !
« Vois briller dans mes mains ce globe éblouissant,
« Ce gage de salut qui me fait innocent.
« Tandis que tu priais sur le roc solitaire,
« J’ai senti que l’esprit m’enlevait de la terre,
« Et j’ai suivi son vol. — Où s’est-il arrêté ?
« —Sur le plus haut sommet de l’Arar redouté.
« — Qu’as-tu vu sur l’Arar ? — Un océan dé neige
« Qui portait l’arche sainte en ses flots…—Sacrilège !
« —Écoute jusqu’au bout : le sauveur d’Israël,
« Moïse, pour chercher la science du ciel,
« Resta quarante jours sur le mont prophétique ;
« Et tenant dans ses bras la lourde table antique,
« Il reparut enfin… Après la passion,
« Trois jours on attendit la résurrection
« De Christ, qui ne sortit du tombeau qu’à ce terme,
« Ayant ravivé l’âme en son éternel germe.
« De même Idaméel, dernier législateur,
« Plus que Moïse et Christ suprême rédempteur,
« Après trois jours entiers de studieux orage,
« Redescend de l’Arar, ayant fait son ouvrage.
« Les secrets primitifs par moi sont découverts ;
« Et le corps et l’esprit de ce vieil univers
« Vont sortir de la mort, réchauffés à ma flamme,
« Et le monde nouveau n’aura que moi pour âme.
« Que Sémida, ta fille, en acceptant ce don,
« Achève sur mon cœur de sceller le pardon !
« Je ramène la vie aux flancs de la nature ;
« Et l’hymen, à son tour, sort de sa sépulture.
« Mon amour… » Le vieillard se releva du sol
D’où ses ardents soupirs vers Dieu prenaient leur vol.