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« Le soleil en son sein eût éveillé l’amour.
« Sémida m’eût aimé…. Mais le soleil chancelle,
« Le mont Arar lui prend son unique étincelle ;
« Les anges dès demain diront : Il était là.
« Il n’a laissé qu’en moi les feux dont il brûla !
« — Et qu’importe à l’amour que le soleil se voile,
« Ou que la nuit en pleurs n’allume plus d’étoile ?
« Mon astre le plus beau serait Idaméel, »
Répondit Sémida, « mais j’appartiens au ciel !
« Si Dieu daignait nous dire à cette heure dernière :
« Que votre chaste amour remplace la lumière !
« Que vos cœurs, les derniers de ceux que j’ai bénis,
« Pour l’hymen éternel en un seul soient unis !…
« Oh ! je vous aimerais, Idaméel, mon frère,
« Sans savoir quel printemps peut manquer à la terre.
« Oh ! je vous aimerais, muette à vos accents,
« Sans savoir quels concerts de nos bois sont absents.
« Le printemps de la vie a ses chants en nous-même,
« Et l’âme a des parfums selon l’âme qu’elle aime !
« Et moi, je t’aimerais…. tu saurais à ton tour,
« Si la terre en mourant a conservé l’amour.
« Aux ombres du néant quand ce monde retombe,
« L’amour se lèverait pour embellir la tombe ;
« Mon voile dénoué le répandrait dans l’air,
« Tu verrais si mon cœur en affaiblit l’éclair.
« J’aurais, pour en parler, des mots… langue bénie,
« Et que balbutia l’extase du génie !!!
« Mais j’appartiens au ciel, et cette nuit encor
« Sur mon front, comme un rêve, ouvrant ses ailes d’or,
« Éloïm…. — Éloïm ! — C’est l’ange dont la flamme
« Répand le jour sans fin à l’entour de mon âme ;
« Mon bon ange, qui vient du côté d’Orient,