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Plus d’amour sous les cieux ! plus d’oiseaux dans leur nid !
Plus d’oiseaux, que l’Ibis taillé dans le granit.
J’ai de Persépolis foulé trois jours la cendre ;
Sur le mont du Sépulcre où s’assit Alexandre,
Je m’assieds à mon tour, et contemple penché
Le cadavre de pierre aux flancs du mont couché.
Aïeule des cités, sois fière dans ta tombe !
Un autre monument comme toi croule et tombe :
A ta fragilité notre globe est pareil,
Ta poussière de mort va couvrir son sommeil.
Dieu va joindre bientôt, funéraires collines,
Les ruines d’un inonde à toutes vos ruines.
Peut-être à mes regards le dernier jour a lui ;
Le temple du soleil durera plus que lui !

Et j’allais cependant, poussé par mon génie,
Vers les grands monts, berceau de la mer d’Hyrcanie,
Dont les rocs dentelés gardent comme des tours,
De ses golfes nombreux les orageux contours.
Partout la pâle mort, pour en former ses gerbes,
Fauchant sur mes sentiers les cités et les herbes,
Prenait possession du domaine infini,
Comme un ramier s’étend sur la mousse d’un nid.
Quelques hommes, broutant la verdure fanée,
Disaient : — Dormons, le monde a fini sa journée ! —
Et d’autres s’asseyaient aux angles des chemins,
Souillant leur chevelure et se tordant les mains.

Mais vers le mont Arar je m’avançais à peine ;
Ce globe qui semblait s’éteindre à chaque haleine,
Sous mes pieds voyageurs ce sol prêt à mourir,
Palpita d’espérance et s’ouvrit pour fleurir.