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De ton nom d’Éternel peux-tu t’affranchir ?… Non.
Tu languis dans tes cieux, esclave de ce nom.
Dormir et cesser d’être est la seule puissance
Que j’enviai depuis le jour de ma naissance ;
Mais tu jetas de loin, sur l’homme épouvanté,
Comme un dernier fardeau sa part d’éternité.

Esprit de l’infini ! pouvoir que rien n’apaise,
De ta création que l’énigme me pèse !
As-tu comme un sculpteur qui sort de son repos,
Taillé tous tes soleils dans un bloc du chaos ;
Ou, libre créateur d’une œuvre en toi tracée,
As-tu fait la matière avec de la pensée ?
Le Panthéisme seul a-t-il compris ta loi ?
L’univers ne peut-il se distinguer de toi ?
Est-il co-éternel de la toute puissance ?
Si nous vivons en toi, mêlés à ton essence,
Si l’univers est Dieu, l’homme et toi ne font qu’un.
Nous tournoyons perdus dans un rêve commun.
Tu penses avec nous, tu prends part à nos crimes….
Conséquence implacable et qui mène aux abîmes !
Que devient ton autel ! que devient la vertu !
Toi que l’on peut juger, pourquoi nous juges-tu ?
Sombre artiste, ouvrier d’une œuvre de colère,
Qui donc de tes six jours t’a payé le salaire ?
Pourquoi pétrir des cœurs de douleur palpitants ?
Roi de l’éternité, pourquoi fis-tu le temps !

Et toi, reine poudreuse, ô science au front blême,
Que me sert d’élargir ton pesant diadème ?
Dans l’espace et le temps mon génie incomplet
Embarrasse son vol comme en un grand filet ;