Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée


Les uns le front tout nu, les autres couronnés,
De quelque gloire éteinte emblèmes ruinés ;
D’autres dressant dans l’air, jusqu’aux voûtes des salles,
Leur sombre trinité de t’êtes colossales ;
Et d’autres écrasant, sous des pieds d’éléphants,
Les corps frêles et nus d’un beau groupe d’enfants.

Merveilleux souterrain du vieux globe où nous sommes,
Il nous faudrait à nous cent ans et cent mille hommes
Pour découper la roche en portiques béants,
Qu’a taillés, en un jour, la main des dieux-géants ;
Alors qu’ils sont venus d’en haut, maçons sublimes,
Nous enseigner comment on bâtit des abîmes.

J’avais fait ma maison de ce tombeau fatal.
Un plongeur, sous l’abri d’un dôme de cristal,
S’installant tout un jour au fond des mers mouvantes,
Sent autour de sa cloche errer les épouvantes ;
De fucus enlacés et d’épais goémons,
Semblables aux forêts dont se couvrent les monts,
La Flore océanique, en s’étonnant, l’ombrage.
Ses battements de cœur sont comptés par l’orage.
Léviathan l’admire, et ce roi de la mer
Aussi longtemps que lui ne peut se passer d’air.
La nuit habite au fond du sentier qu’il se perce ;
Le poulpe limoneux dans les algues le berce,
Et parfois, ébloui du transparent cercueil,
L’emporte entre ses bras pour le changer d’écueil.
L’homme chercheur de perle attend, pâlit et souffre ;
Il empreint ses regards des tristesses du gouffre !
Et moi, dans les terreurs de l’antre, temple noir,
Je cherchais comme lui, moi plongeur du savoir ;