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Le fer, pour m’enfanter à cette vie amère,
M’arracha tout mourant du sein mort de ma mère ;
On vit, avec effort, ce fer aventureux
Ravir leur seconde âme aux flancs cadavéreux.
Le fruit déjà maudit quitta la branche morte.
On me l’a raconté, je naquis de la sorte ;
Je naquis, des liens du tombeau délié.
Mon père, ce jour-là, disparut foudroyé ;
La terre, comme si ses entrailles usées
Par cet enfantement avaient été brisées,
Gémit, et comme si j’avais éteint l’amour,
Tout hymen fut stérile à dater de ce jour
Mon berceau d’orphelin épouvantait les mères !
Voulant au nouveau-né demeurer étrangères,
Les femmes s’enfuyaient sourdes à la pitié,
Et n’osaient de leur lait me donner la moitié.
Une seule pourtant, pleurant son fils unique
Mort la veille en ses bras, entr’ouvrit sa tunique,
Et sur son sein tari par son regret croissant,