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« Ombre toujours jalouse, ombre toujours avide,
« Aux lieux où je régnais faisant partout le vide.
« Peuples, vous y verrez si mon sceptre de fer
« Osa frapper sans titre aux portes de l’enfer ;
« Et si je n’avais pas, prêt à changer de trône,
« De l’un à l’autre pôle élargi ma couronne.
« Soyez donc attentifs, et que. tout embaumés,
« Les bras voluptueux de nos trois cents aimés
« Apportent au milieu des fêtes populaires,
« De mon livre d’airain les pages séculaires ! »

Lorsqu’au lever du jour, un pâtre veut chercher
Le dictame croissant aux fentes du rocher ;
Sur la pente des monts sillonnés d’avalanches,
Il se fait précéder de six chevrettes blanches :
Et l’agile troupeau, par son instinct guidé,
Découvre en bondissant le trésor demandé.
Ainsi l’on voit courir, joyeuses et légères,
Vers le livre d’airain les jeunes messagères.
Les voilà… leurs pieds blancs ont laissé sur le sol
Comme un reflet lointain de neige, et leur beau col
Balançant doucement leur tête enchanteresse,
Répand dans l’air le nard caché sous chaque tresse.
Déesses ou démons, sultanes ou péris,
Les voilà : sur leurs bras de longs anneaux fleuris
Fixent la pesanteur des tables colossales
Qui brisent, en passant, l’architrave des salles,
Et qu’un large autel d’or, de parfums inondé,
Reçoit avec respect, par trois démons gardé.
Alors Idaméel, sur.les pages antiques
Fait planer les éclairs de ses yeux prophétiques,
Et le nuage obscur, qui de deuil les couvrait,