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« Les convives ici sont dignes de leur hôte.
« Tu les connais, tu sais qu’ils dédaignent les jeux,
« Et que la voix du maître, en son charme orageux,
« Leur plaît plus que le cri des tigres dans l’arène,
« Ou que des mots d’amour de la plus jeune reine. »
Ainsi parla le sphinx, et l’on battit des mains,
Comme la foule autour des empereurs romains.

Trois cents filles de rois, jeune troupe choisie,
Qu’aux flammes de l’enfer jeta la molle Asie,
S’approchant à la fois et tombant à genoux,
Souillèrent la prière avec des mots si doux,
Qu’Idaméel sentit passer presque un sourire
Sur sa lèvre glacée où veillait la grande ire.
« Dans cette fête, amis, nul ne court de hasard.
« Dieu n’est pas sur les murs comme chez Balthazar.
« Vous venez aux plaisirs, enseignes déployées ;
« Les roses du banquet ne sont pas foudroyées,
« Et ne le cèdent pas à celles que Néron,
« Alors qu’il brûlait Rome, enlaçait à son front.
« Car je veille… et je veux de ma faveur constante
« Donner à tout mon peuple une marque éclatante.
« Je veux, pour consacrer la paix d’un jour serein,
« Livrer à vos regards mes trois tables d’airain,
« Ce livre, monument et d’amour et de haine,
« Qui du roi des enfers garde l’histoire humaine.
« Et vous n’y lirez pas d’un œil indifférent
« Les jours que j’ai vécus sous le soleil mourant,
« Lorsque je réchauffais sa couronne à la mienne,
« Lorsque j’usais ma vie à conserver la sienne ; .
« Et que l’ombre de Dieu par degrés remplissait
« L’espace qu’en tombant chaque peuple laissait.