Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le remords de Satan en est importuné.
On la voit, dans l’horreur de ses profonds royaumes,
Nouer et dénouer sa chaîne de fantômes.
Gnomides à l’œil vert ! sorcières aux flancs nus !
Elle ouvre à vos amours des sabbats inconnus.
L’Égypte en ses fléaux eut moins de sauterelles
Qu’on ne voit de dragons et d’aspioles frêles
Dont le vol dans les airs siffle comme des dards,
Se balancer aux plis de ses grands étendards.
Des têtes, aux regards pleins de flammes haineuses,
Agitant pesamment deux ailes membraneuses,
Croisent, d’un vol confus, leurs vagues tourbillons,
Comme un nocturne essaim de larges papillons.
La fête s’en empare, elle entraîne dociles
Ses nécromans, ses nains, ses vampires, ses psylles,
Ses larves dont le nombre à chaque instant s’accroît.
C’est un rêve inouï dans l’abîme à l’étroit ;
C’est le bruit insensé de la trombe sonore,
L’élan prodigieux du coursier de Lénore.
Elle attelle à ses chars ses stellions ailés ;
Heurte du noir chaos les bords démantelés ;
Ébranle, en agitant les plis de sa ceinture,
Des piliers sulfureux la haute architecture ;
Aux chapiteaux d’airain dans son vol se suspend,
Se roule au front des tours comme un rouge serpent ;
Ou, parant de festons la hideuse patrie,
Étend sur neuf enfers sa guirlande fleurie.

L’énorme éléphant blanc qu’adore Bénarès,
Regrettant ses bambous et ses vastes forêts,
Fatigué des respects du roi qui le contemple,
Quelquefois en fureur déracine son temple.