Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et leurs amours, hurlant au fond de leur repaire,
Ressemblaient aux amours du bourreau de Tibère,
Lorsqu’il donnait, la loi sévère l’exigeant,
Un long baiser horrible aux filles de Séjan,
Dont la mort n’eût osé, dans toute sa puissance,
Toucher, sur l’échafaud, la robe d’innocence ;
Et que, funèbre amant, il devait violer,
Afin que sans remords il pût les étrangler.

Et pourtant dans son temple environné de flammes,
Panthéon de plaisirs, où les dieux sont infâmes,
L’orgie allait croissant, et toujours sans repos,
De sa lugubre joie agitait les drapeaux.
L’éternel désespoir redouble de folie.
Et d’enfer en enfer, la fête multiplie,
En s’épanouissant, son luxe et ses couleurs :
C’est le mancenillier ouvrant toutes ses fleurs.
Elle vole et rugit immense, universelle ;
Comme un tigre joyeux chaque antre la recèle.
La fête est sous les rocs, la fête est sur les monts ;
Elle vogue, en chantant, sur le lac des démons,
Pareille à ce vaisseau, brillant sur l’onde amère,
Où vint chanter Néron prêt à noyer sa mère :
Cent volcans allumés lui servent de flambeaux.
La fête, renaissant de tombeaux en tombeaux,
Comme un fleuve écumeux descend dans les abîmes,
Rejaillit, en hurlant, jusqu’aux plus hautes cimes.
Ouragan de délire, elle courbe, en passant,
Les bois de dragonniers sous le choc gémissant.
Elle éclate, elle éveille, au plus noir de ses ombres,
La primitive nuit qui dort sous les ifs sombres ;
Et sous le mont lointain qui le tient enchaîné,