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Dressant sur les rochers leur spectre de granit,
S’émeuvent ; et chacune, en la fête ondoyante,
Vomit, de ses vieux flancs, quelque pompe effrayante.
Et chaque nation cherché en son souvenir,
Quelle infernale joie elle lui doit fournir.
L’Inde y conduit ses dieux, dans leurs métamorphoses
Écrasant sous leur char des femmes et des roses.
Le Mexique sanglant chante, et cède à grand bruit
Sa fête du soleil à l’éternelle nuit.
Axum y voit passer, pompe abyssinienne,
Ses vierges se voilant sous des masques d’hyène.
Le Nord vient y jeter, profond comme une mer,
Le crâne où s’enivrait son vieux géant Ymer.
La Gaule a rallumé ses fêtes anciennes,
Ses forêts qu’un moment l’enfer préfère aux siennes,
Tant on voit voler, tels que de rouges oiseaux,
De larves en fureur sous leurs flottants arceaux.
Le panier d’Irminsul que l’Eubage promène,
Y porte, au lieu de fleurs, une moisson humaine,
Un beau groupe d’enfants, tribut vermeil posé
Sur le tronc dévorant d’un grand chêne embrasé.

Approche, antique Grèce ! et viens ceindre d’acanthes
La folle nudité de tes belles bacchantes,
Qui, le thyrse à la main et les seins frémissants,
Allaitent dans leurs bras deux léopards naissants.
Et toi, Rome ! qu’au fond de tout crime on retrouve ;
Toi ! dont le cœur fut fait du bronze de ta louve,
Ouvre ton cirque immense et viens, viens à ton tour,
Déshonorant ensemble et la mort et l’amour,
Livrer aux histrions les flancs nus de tes femmes ;
Tandis qu’on voit jaillir sur les couples infâmes