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Nous montrant dans son sein des monts, des mers profondes,
Lien resplendissant qui réunit trois mondes ;
Ville de feux taillée aux flancs d’un grand saphir ;
Vaisseau que berce à l’ancre un éternel zéphyr !
Riche apparition, magnifique spectacle
Dont la terre deux fois n’a pas vu le miracle !…
Mais ces murs, ces jardins, tout ce luxe enchanté,
Renferment les muets de la fatalité ;
Et ces sombres sultans que leur garde dépose,
Dont le divan d’azur sur un sépulcre pose.
La coupe du banquet s’y couronne de sang.
La peste, fécondée aux rayons du croissant,
Y voit sous des lambeaux croupir la multitude,
Au fond des lazarets et de la servitude.
Sur ce sol diaphane, orné de palais d’or,
Aux bras du meurtre impur la débauche s’endort,
Élevant ses vapeurs, sous le frais sycomore,
Comme le lac fumant où tressaille Gomorrhe.
De la flotte au sérail, du bazar à la tour,
Le Despotisme ouvrant ses ailes de vautour,
Assombrit de terreur l’éclat de ce rivage.
Dans ce grand nid de fleurs il couve l’esclavage,
Ou se dresse, écrasant son stupide troupeau,
Ainsi qu’un dieu d’airain debout sur un tombeau ;
Et l’aga vient mêler des corbeilles de têtes
Aux fruits de l’oranger que l’on verse à ses fêtes :
Fêtes que le sultan ironique et cruel,
Ordonne en souriant ainsi qu’Idaméel.

Bientôt des réprouvés l’orgie en feu commence.
Elle agrandit au loin son cercle de démence,
Et les treize cités que l’enfer réunit,