Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

Seul débris de son âme épargné par le feu.
Oh ! quels espoirs détruits, quelles blondes pensées
En hydres sur son cœur maintenant enlacées !
Que de trésors de pleurs dans ces lignes cachés !
Que de morts éternels sur cet airain couchés !
Son œil ne peut compter, aux pages infernales,
Tous les spectres vengeurs sortis de ces annales :
Ministres d’épouvante évoqués pour punir,
Actions d’un passé qui créa l’avenir !
Oh ! pour Idaméel, lugubres, imposantes,
Que ces pages de fer à lire sont pesantes !
Aujourd’hui son regard y cherche ton nom seul,
Comme un joyau caché dans les plis d’un linceul,
Sémida, Sémida ! toi, jeune ange charmante !
Toi, du roi de la nuit, ô radieuse amante,
Dont ces tables d’airain lui montrent déroulés
Les beaux jours d’innocence avec les siens mêlés !
Toi qui brillas jadis sur ses sentiers funèbres,
Sans ouvrir au soleil son âme de ténèbres ;
Son âme révoltée et que l’orgueil perdit,
Où l’amour brûle encor comme le feu maudit..
Jeune sainte !… pour toi quel orageux hommage !
Que de cendres du cœur autour de ton image !
Il croit qu’en tourmentant ce stérile chaos,
Un monde, plein de toi, sortira de ses flots :
Création à lui, création suprême,
Montrant ce qu’est l’amour d’un damné, quand il aime.
Quelquefois il voudrait, bien plus amant que roi,
Aller combattre Dieu pour ne vaincre que toi ;
Dans ses bras frémissants emporter sa victoire ;
Regagnant, à plein vol, la nuit profonde et noire,
Reparaître aux enfers avec ce cher fardeau ;