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Lie au couple écaillé le beau couple victime. ;
Leur molle chevelure, à travers tes roseaux,
Laisse tous ses parfums dans la fange des eaux.
Ils sillonnent le fleuve, et, le long de ses rives
Ils comptent les transports des noces convulsives.
Ils suivent, sans repos, tous les bonds incessants
Qui tourmentent d’amour les flots intumescents.
Et leurs corps, effleurant l’angle des rocs stériles,
Baignent de sang l’hymen des impurs crocodiles ;
Et quelquefois, traînés dans la savane en fleurs,
D’un élément à l’autre égarent lamas douleurs.

Puis, il leur semble encor que debout, côte à côte,
Leur tête sans cheveux, devant eux, roule et saute :
Ils veulent la reprendre et tromper son effort,
Mais la tête de l’un au cœur de l’autre mord ;
Elle en boit tout le sang et sur ce cœur s’acharne,
Comme Ugolin après l’ennemi qu’il décharne ;
Retrouvant et rongeant, dans ce sein de damné,
Les germes d’un amour dont leur enfer est né :
Pâture de la mort entre leurs dents vivantes.
Et ce drame d’horreur que leur long rêve invente,
Ne se meut qu’en leur âme ; et toujours les amants
Dorment entrelacés au bord des flots dormants, ;
Des rameaux abaissés leur front blanc se couronne,
Et d’un calme éternel l’enfer les environne.

*


Des treize visions le cercle est parcouru.
Un des points de l’enfer ainsi m’est apparu,
Et j’ai heurté longtemps, dans ma course effarée,