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— IV —

table épique , il y en a deux perdus pour l’action , mais non certes pour la poésie ; l’un est la peinture du ciel, l’autre celle de l’enfer. Quoique le premier abonde en détails d’un coloris pur, frais et varié , le second me paraît d’une exécution supérieure. Il est à remarquer que les poètes ont toujours mieux réussi à peindre l’enfer que le ciel. Seraitce que le génie tourmenté de l’homme est inhabile à figurer l’infini des joies ? Toujours est-il que l’enfer de M. Alexandre Soumet est un morceau d’une touche vigoureuse, et il résulte des couleurs morales, substituées par lui aux tourments physiques de Dante, une grande diversité possible de supplices d’un haut effet poétique. La vision de la chaîne ouvre la série des tortures décrites, et présente à l’imagination un tableau bien capable de la vivement émouvoir. Un maudit passe son éternité à gravir le long d’une chaîne, dont chaque anneau renferme une âme que l’exemple de ce réprouvé a conduite au crime, si bien qu’à chaque degré de sa perpétuelle ascension au puits de feu , une voix accusatrice retentit à son oreille. Le supplice des mères criminelles, dont chaque baiser fait éclore une ride au front de leur enfant, n’est pas une idée moins tragique. Le style de la Divine Épopée, style brillant, large, figuré surtout, se déploie avec une ampleur cadencée qui dénote une grande science de la période et un sentiment exercé de l’harmonie. On voit que l’auteur dispose du vers comme d’un instrument fait à obéir à sa fantaisie dans tous ses caprices.

« Versificateur expérimenté , M. Alexandre Soumet n’ignore aucun des secrets de l’art, et ne néglige rien pour atteindre la perfection théorique de la forme. Sa rime est d’une richesse a désespérer M. Hugo lui-même.» Après avoir cité des vers d’une grâce et d’une fraîcheur incomparable , et des vers d’une majestueuse simplicité , M. Auguste Desplaces continue ainsi :