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Ceinture de poisons, aux flancs voluptueux.
Il embrasse, en sifflant, ces deux corps baignés d’ambre,
Ces deux corps enlacés qu’il parcourt membre à membre ;
Et de son dard vengeur blesse chaque contour,
Où son œil allumé voit un baiser d’amour.

Puis, il leur semble encor qu’un nain hideux les place,
Dans les bras l’un de l’autre, aux flancs d’un mont de glace.
Leur cœur sous les frimas cesse de battre, et sent,
Comme un fleuve en hiver, se durcir tout son sang.
Des chaînes de glaçons les pressent, les étreignent ;
Leurs baisers mutuels dans les glaçons s’éteignent.
Le mont s’ouvre ; et vers eux, d’un pas colossal, vient,
Inconnu, gigantesque, antédiluvien,
Un de ces animaux qu’autrefois, plus active,
Nourrissait de ses sucs la terre primitive ;
Et que dans ce vieux roc, de neige couronné,
Quelque grand cataclysme avait emprisonné.
Il se ranime et vient……. Un moment, en silence,
Autour des condamnés sa trompe se balance ;
Puis son genou se plie, et sur le couple amant
Il se couche et s’allonge et s’endort pesamment :
Pareil aux éléphants-bourreaux que l’Inde austère
Enseignait à punir une épouse adultère,
Et qui, sur un doux front tout voilé de rougeur,
Ministres de la loi, posaient un pied vengeur.

Puis, il leur semble encor que tous deux on les couche,
Ainsi que Mazeppa sur son coursier farouche,
Non au lit nuptial, mais sur le dos noueux
De deux alligators l’un de l’autre amoureux.
Une chaîne, travail des forges de l’abîme,