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Pour apporter sa tête au billot infernal :
Victime désolée, et que l’arrêt suprême
Fait sans cesse nouvelle et sans cesse la même !


XIII.


Plus loin, sous un lilas tout en fleurs, deux amants
Dorment entrelacés au bord des flots dormants.
Des rameaux abaissés leur front blanc se couronne,
Et d’un calme éternel l’enfer les environne.
Et leur sommeil ressemble à celui du chasseur
Que la lune en fuyant contemple avec douceur,
Tandis qu’un jeune sylphe, écartant le feuillage,
Ouvre aux baisers de l’astre un lumineux passage.
Silence…….. Le regard suit avec volupté
Les ondulations de leur corps velouté ;
Glisse sur ce beau couple, et, plein d’amour, adore
Cette rêveuse nuit qui ne craint plus l’aurore.
Et, d’un bras souple et pur, la femme sur son cœur
Du front de son amant enchaîne la langueur ;
Et de ses cheveux blonds, humides de caresses,
Humides dé parfums, les ondoyantes tresses
Éclairent doucement de leur long reflet d’or,
L’ombre du grand lilas qui sur leur sommeil dort.
C’est toujours, autour d’eux, la même solitude
Où la mort les surprit dans leur molle attitude ;
Toujours la même nuit ; mais le rêve est changé.
De leur crime pesant leur sommeil est chargé :
Ils dorment leur supplice, et souvent il leur semble
Qu’un reptile verdâtre en ses nœuds les rassemble :
De leur col qu’il effleure il descend tortueux,