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Se dressait tout semblable au Neptune de fer
Qui fait jaillir,au loin, sous de sertes arcades,
Les fêtes de Versaille en brillantes cascades.
Mais, au lieu de leur onde au prisme éblouissant,
De ses cheveux tordus sort un fleuve de sang :
Le sang humain, ce sang gui jamais ne s’essuie,
S’épanche de ses doigts comme une tiède pluie.
Ses pieds, en se posant, creusent dans le rocher
Des citernes de sang qu’on ne peut plus sécher ;
Et lui seul, expiant quelque monstrueux crime,
Alimente de sang les sources de l’abîme.
Son front de réprouvé domine sans effroi
Tout ce rouge océan, dont seul il est le roi.
Chaque jour, sur le roc, un noir démon lui mène,
Pour la décapiter, une victime humaine.
Il la voit s’avancer d’un pas silencieux ;
La volupté du sang s’allume dans ses yeux,
Dans ses yeux verts dardant, sous leur fauve paupière,
Ce dur regard, qu’au tigre empruntait Robespierre.
Et quand le fer a lui sur le meurtre promis,
Aux éclairs de la hache il reconnaît son fils !!
Son fils, son seul enfant, tête innocente et blonde,
Seul être que son cœur eût aimé dans le monde.
Il s’écrie : « O fureur !!! de mon œuvre jaloux,
« Quand j’use le billot sous le nombre des coups,
« N’est-il qu’une victime à tout démon commune ?
« Chacun conduit la sienne.et je n’en trouve qu’une,
« Mon fils toujours… toujours mon fils… pour m’occuper
« Les neuf enfers n’ont-ils que sa tête à couper !!!
« N’importe, accomplissons mon effroyable tâche ;
« Le poids de mes forfaits fera tomber la-hache. »
Et le fils, chaque jour, vient au même signal,