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La tête avec orgueil baissa son regard fauve,
Elle aperçut de loin venir un vautour chauve,
Un vautour gigantesque, au vol silencieux,.
Qui se percha sur elle et lui rongea les yeux :
Tandis qu’en rugissant une panthère ailée
Mordait le tronc informe, à la chair maculée ;
Et que d’un scorpion les dards multipliés,
S’agitaient sur la roche et perçaient les deux pieds.
Tel est puni l’orgueil.


XI.


De ce triple spectacle
Je m’efforçais en vain d’oublier le miracle,
Quand je vis, sous un mont qui croulait en débris,
Deux grands taureaux, pareils à ceux de Phalaris,
Lutter… Leurs pieds d’airain sur les rocs s’affermissent :
Dans leurs flancs enchaînés deux réprouvés gémissent,
Deux réprouvés captifs, à ce tourment soumis,
Parce que sur la terre ils furent ennemis :
Se maudissant encor d’une voix pervertie,
Quand, sur leur lit de mort, on leur porta l’hostie.
Ils avaient enfermé la haine dans leur sein ;
Et la haine, changée en deux taureaux d’airain,
Durant l’éternité prolongeant leurs batailles,
Comme un fruit maintenant les porte en ses entrailles.
Oh ! combien ils voudraient, dans ses horribles flancs,
Du combat escarpé refréner les élans ;
Et se donner, sortis de ce bronze en démence,
A l’autel des enfers le baiser de clémence !
Sous leurs efforts unis, qu’ils voudraient tous les deux,