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Rien n’altère, aux regards, sa beauté surhumaine ;
Et l’infernale femme au grand sourcil d’ébène,
Fière, et foulant aux pieds le supplice dompté,
De son profil vainqueur sauve la majesté.


IX.


Un réprouvé hurlait, debout près d’une pierre ;
Ses yeux, toujours ouverts, n’avaient pas de paupière.
Nul démon avec lui n’eût changé de douleur :
Son seul supplice était de regarder son cœur.
Il l’avait pris souffrant au fond de sa poitrine,
Et placé sur ce roc qu’une torche illumine.
Tout l’enfer le voyait…… Berceau des maux subis,
Dans ce cœur rouge et dur ainsi qu’un gros rubis,
Un feu vif dessinait des formés animées,
D’étranges visions sans cesse transformées ;
Et quelquefois aussi dans ce tableau changeant,
Des cheveux blancs flottaient comme des fils d’argent.
Le réprouvé suivait, sous la chair transparente,
Les contours colorés de l’étincelle errante ;
Et son regard voyait s’y dérouler toujours
L’horrible canevas du drame de ses jours.
Rien n’était oublié !!… Libre de tout nuage,
Il peut juger l’objet aux lueurs de l’image :
Dans ce tableau fidèle et terrible, il peut voir,
Durant l’éternité, ses crimes se mouvoir.
Il peut les voir, d’abord à l’état de pensée,
Dans l’ombre funéraire autour d’eux amassée
Mûrir leur germe noir, et puis éclore au jour,
Couvés, sous ses fureurs, comme un œuf de vautour.