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Et des voiles tissus par des mains enchantées ;
Et ses doigts dédaigneux, au gré de son désir,
Parmi tous ces atours n’ont enfin qu’à choisir.

Mais à peine, attachant la gaze virginale,
Elle ose commencer la toilette infernale,
Que ces voiles trompeurs dans des philtres baignés,
Ravivent tous les feux dont ils sont imprégnés.
Chaque fleur dont sa tête adopte la parure,
Prend racine à son front, comme sa chevelure,
Y brûle ; et les joyaux plus douloureux encor,
Enchâssés dans ses chairs comme ils le sont dans l’or,
D’un venin renaissant, d’une flamme sans terme,
Consument la.prison où leur éclat s’enferme.
Et sa robe ressemble aux tissus odieux
Qu’Hercule ne put fuir qu’en montant chez les Dieux.
En vain, changeant d’atours, sous ses mains transparentes
Elle espère essayer des fleurs moins dévorantes. :
On la voit arracher les grands voiles de lin
Qui vivent avec elle, attachés à son sein,
Comme s’attache au fruit la robe veloutée
Sur la pêche au doux miel, par l’automne jetée.
On la voit arracher les larges diamants
Qui sur ses bras d’albâtre incrustent les tourments ;
Et changeant de joyaux, sans changer de torture,
Accomplir son enfer de parure en parure.
Mais de son corps si beau le contour ravissant
Ne souffre pas l’affront d’une tache de sang :
La blessure profonde, à l’instant refermée,
Laisse aux lys de son sein leur blancheur parfumée,
Et ce n’est qu’en dedans que l’orgueilleuse chair
Sent chacun des saphirs brûler comme un cancer.