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« Et des mes doigts crispés l’amoureuse fureur
« Imprima, dans la mort, ce signe sur mon cœur. »


VIII.


Tout près de ce supplice, une femme inconnue
Était assise, grande et belle et demi-nue.
J’en fus épouvanté… C’était l’âme du mal,
Visible en son horreur sur un front idéal !
Une femme effrayante autant qu’elle était belle ;
L’Euménide des Grecs sous le pinceau d’Apelle :
D’un contraste inouï le magique tableau ;
Un démon animant la Vénus de Milo,
Pour donner à ce marbre une flammé funeste,
Pour réfléchir l’enfer dans ce miroir céleste ;
Pour créer aux regards, durant l’éternité,
Magnifique et terrible, un spectre de beauté !

Cette femme toujours contemplait son visage ;
La lave d’un volcan lui jetait son image.
Sept démons amoureux l’aidaient à se parer,
Et plus que la servir, ils semblaient l’adorer.
Trois gnomes, à genoux, déployaient sa tunique
Faite d’un lin très-pur et d’un travail unique ;
Et trois autres, debout, ouvraient l’immense écrin,
Dont l’éclat va passer sur son front souverain.
Et partout des fils d’or, prêts à nouer en gerbe
La perle opalisée à sa tête superbe ;
Et des flots de saphirs, resplendissants trésors,
Qui verront leur lumière inonder son beau corps ;
Et d’élégantes fleurs autour d’elle jetées ;