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Sourit au désespoir chanté dans sa patrie ;
Et son vers acéré dans sa haine affermi,
Se dressa contre Dieu comme un glaive ennemi.
Jamais des profondeurs d’une âme révoltée,
Nulle voix de défi si haut n’était montée ;
Jamais sa lèvre en feu n’eut un fiel plus moqueur.
Pour enseigner le crime, il révélait son cœur :
On eût dit que, changée en funèbre harmonie,
L’éternité du mal passait dans son génie.
Et l’abîme applaudit, et le cri du Titan
Agita les tombeaux comme un autre ouragan.
On eût dit qu’en ses mains la lyre-météore,
Pour agrandir ses chants rendait l’enfer sonore ;
Et qu’au bronze accordé par la main du malheur,
La foudre avait prêté ses sons et sa couleur.


V.


Je vis, sur un rocher, des mères criminelles
Presser contre leur sein, d’étreintes éternelles,
Leur enfant, jeune et blond, tel qu’autrefois, si beau,
L’offrait à leur amour le réveil du berceau.
O prodige !!! Aujourd’hui chaque baiser aride
Sur le front de l’enfant fait éclore une ride.
Sa main rose vieillit, comme une fleur du soir
Lorsqu’au pied de sa tige un gnome vient s’asseoir.
Ses grands yeux transparents jaunissent et se plombent ;
Ses dents, sous les baisers, se décharnent et tombent ;
Et l’enfant accroupi, dans ses longs cheveux blancs
Cherche à cacher ses doigts amaigris et tremblants.
La mère suit de l’œil, punie en ses tendresses,