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Vient au cœur du damné pétrifier le sang ;
Et les deux bras roidis, succombant sous l’épreuve,
Il tombe, comme un plomb qu’on jette au fond du fleuve.
Il tombe, et sans repos recommence en fureur
Le trajet éternel dont il parcourt l’horreur.


II.


Plus loin, dans l’ombre, une hydre immense, impitoyable,
Des désirs d’un damné ressemblance effroyable,
L’enveloppe, éveillant la foule des péchés
Au sein du criminel hideusement cachés.
On dirait qu’au milieu de l’essaim qui fourmille,
Cette hydre, aux plis impurs, retrouve sa famille.
Tel on voit un chasseur, sous les roches rampant,
Surprendre, à-peine éclos, un nid de grand serpent ;
Il l’emporte, et la nuit en rêve, en sa demeure,
Il lui semble combattre un reptile qui pleure.
La lutte se prolonge, il s’éveille ; ô terreur !
Ce rêve est un vrai dard entré jusqu’à son cœur ;
Un ruisseau de poisons écumant sur sa bouche !
La mère des serpents qui sillonne sa couche ;
La mère qui, des bois traversant l’épaisseur,
Est venue à son tour visiter le chasseur.
Sa douleur l’a conduite, et toute sa couvée
Au bruit des sifflements se lève retrouvée,
L’aidant à dévorer, pâle et nu, l’ennemi
Que sa dent maternelle a surpris endormi.