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— II —

à l’amour divin. Jamais style plus brillant, plus nuancé de flamme et d’harmonie, n’a revêtu des pensées plus nobles et plus saintement généreuses C’est un de ces projets grandioses qui n’ont même pas besoin d’exécution pour attester le génie qui les conçoit. Le poëte a imaginé de représenter, dans une suite de tableaux, le rachat de l’enfer. Prêtant à Dieu une pensée , qui ne peut venir que de lui , il a supposé que Jésus-Christ, qui s’était fait homme pour traverser nos douleurs et payer de son sang la rédemption du monde, voulait , saisi d’une plus grande pitié pour de plus grands coupables, renouveler dans l’abîme son sacrifice de la terre. Il l’y fait descendre au milieu des damnés , pour s’élever, de torture en torture, à je ne sais quelle miraculeuse crucifixion, proportionnée dans ses douleurs aux crimes qui s’y expient. Là, le ressuscité terrestre, qui ne doit point mourir où l’on est immortel , écrit de son sang intarissable le second et dernier volume de l’Évangile. La passion de Jésus-Christ dans l’enfer devient féconde comme celle de la terre. Il convertit au repentir ces régions du désespoir, et Satan, pénitent, remonte enfin, près du trône de Dieu , laver de ses pleurs la trace des supplices soufferls pour sa rançon »

Le poëme de M. Alexandre Soumet, ainsi annoncé, venait à peine de paraître, que la voix d’un autre poëte , M. Emile Deschamps , célébra la première ce magnifique ouvrage.

« J’écrivais, dit-il, en 1831 : Alexandre Soumet n’a jamais fait descendre l’art de son idéalité : après avoir donné l’exem- ple de la poésie et de la versification actuelles dans les fragments de sa Jeanne d’Arc, publiés il y a vingt-quatre ans, et qu’on dirait faits de ce matin , il n’abandonna cette palme du poëme épique (1) que pour se vouer à la Melpomène

(1) Cette seconde Épopée doit paraître incessamment : elle sera suivie d’ADONÉIDE , roman oriental , et de deux volumes de théâtre.