Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Tu m’avais tant aimé !!! restons, restons ensemble ;
« Ne quitte pas le seul ami qui te ressemble.
« Des amis tels que nous se trouvent rarement ! »

Mais à travers l’effroi de ce long jugement
Que rendait dans ses bras la formidable chaîne,
Le damné, par anneaux, montait de haine en haine ;
De l’un à l’autre cri son histoire marchait.
Son odieuse main, en se tordant, touchait
Les échelons de fer tout calcinés de soufre :
Car il fuyait bien plus la chaîne que le gouffre,
Ne s’apercevant pas, lorsqu’il les compte tous,
Que les anneaux franchis le suivent par dessous :
Et que, loin de quitter chaque âme sa complice,
Il soulève après lui tout le profond supplice.
Oh ! quelle ascension d’efforts immesurés !
Quels souvenirs gardiens de chacun des degrés !
Il sent, aux cris plaintifs de la chaîne terrible,
Se dresser dans la nuit sa chevelure horrible ;
Il sent, aux flots glacés d’une sueur de mort,
De son front à son cœur ruisseler le remord,
Et de toutes ces voix, ainsi qu’une tempête,
Les épouvantements tournoyer dans sa tête ;
Et, pour ne pas rouler au fond des feux ardents,
Dans le fer qui gémit il enfonce ses dents.
Enfin, d’un autre enfer l’air vient baigner sa lèvre ;
L’espoir dans tous ses sens court en frissons de fièvre.
Il croit revoir le jour, il pose un pied crispé
Sur le dernier chaînon du voyage escarpé ;
Mais nul démon jamais, ô sentence suprême !
De ce dernier anneau n’entendit le blasphème.
Un faible souffle, plus que la foudre puissant,