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Comme l’on voit, hideuse et de poisons baignée,
Monter par son long fil une énorme araignée.
Toujours vers un autre air il se sent attirer,
Dans un enfer plus doux il cherche à respirer ;
Et d’anneaux en anneaux, pour quitter ces abîmes,
Il embrasse en hurlant l’échelle de ses crimes.
Mais du premier anneau sort une voix qui dit :
« Pourquoi t’éloignes-tu ? Je suis ta sœur, maudit !
« Ta virginale sœur, dont la candeur céleste,
« Dans tes bras à seize ans vint adorer l’inceste :
« Car tu te fis mon maître et mon guide, et d’abord,
« J’entrai du premier pas dans l’éternelle mort !
« Reste……. ne brise point l’union fraternelle !
« Le soleil des enfers a trop d’éclat pour elle.
« La nuit du sombre gouffre à nos amours convient,
« Elle est impénétrable et personne n’y vient.
« Reste. » Et l’autre anneau dit : « Damné, je suis ta fille !
« La plus belle autrefois de toute la famille :
« Mélancolique enfant du frère et de la sœur.
« Du regard de mes yeux tu vendis la douceur.
« Je voulais de vous deux rejeter l’héritage,
« Être belle de cœur ainsi que de visage ;
« Je voulais rejeter l’anathème commun,
« De la corruption, moi fruit plein de parfum !
« Je voulais, juste, forte et courageuse et pure,
« Effacer de mon nom tout ce qui fut souillure.
« De ma virginité tu livras le trésor !
« Reste, avare !…. Ce gouffre est une mine d’or ! »
Et l’autre anneau : « Je fus ton ami, moi ; la preuve,
« C’est ton fer d’assassin dans le cœur de ma veuve !
« C’est tout mon héritage en ton coffre apporté ;
« C’est le pain de mes fils à tes dogues jeté ;