Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le troisième élément du lamentable empire,
C’est l’orgueil, air maudit que tout damné respire.
La mort enfin, la mort s’étendant sous cet air,
Quatrième élément, ou terre de l’enfer,
Porte les réprouvés : sol durci, roc stérile
Que n’entr’ouvrit jamais la charrue inutile.

Mais l’éternelle mort ne vient pas seulement
Bans l’empire maudit régner comme élément ;
Elle y garde l’horreur de sa terrestre forme,
Y traîne le poids lourd dé son squelette énorme,
N’ayant plus d’univers qui la vienne nourrir,
Plus de fleuve de sang qu’elle puisse tarir.
Elle est reine pourtant ; rien ne la fait descendre
De son trône si haut, quoique bâti de cendre.
Elle est reine toujours au royaume des pleurs ;
Tout devient son emblème et porte ses couleurs.
Elle voit des damnés fuir la foule craintive,
Quand ses doigts nonchalants touchent sa faux oisive.
Comme si, sous ce sceptre, à chacun de ses pas,
Pût éclore aux enfers quelque nouveau trépas ;
Comme si cette faux, dans les mains du fantôme
Pût blesser quelque épi sur ce reste de chaume.
« Ici tout m’appartient ; cette terre, c’est’ moi ;
« Dit-elle ! et quand j’y suis, qu’est-il besoin de roi ?
» Ma tâche est terminée et la moisson est ample ;
« Du sépulcre éternel je me suis fait un temple.
« Il est solide et beau : car pour ses fondements,
« Des âges primitifs j’ai pris les ossements ;
« Et puis, couche par couche, en mon tant jusqu’au faîte,
« Assis tous les débris des siècles, ma conquête.