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L’élément primitif de la grande Géhenne,
Celui dont tout émane aux enfers, c’est la haine ;
Oui, c’est la haine ardente, et dans cet élément
Les bûchers éternels puisent leur aliment :
Météore funeste, inépuisable flamme,
Large éclair sulfureux des orages de l’âme,
Lumière qui n’a rien de ce rayon vermeil
Passé des doigts de Dieu sur le front du soleil.

Le second élément des enfers, la colère,
S’enfle comme une mer profonde et circulaire,
Qui bouillonne et mugit plus que notre océan,
Lorsqu’il frappe les cieux dans un jour d’ouragan.
Comme autrefois l’esprit, force et vertu première,
Vint couver sur les flots la vie et la lumière,
Pour féconder de mort les germes infernaux :
L’esprit du mal aussi couve ces grandes eaux.
Il les couve, et l’on voit, créations nouvelles,
Des mondes de douleurs sans cesse sortir d’elle ;
Des mondes à la fois ténébreux et brûlants,
Ayant de tous les maux la semence en leurs flancs.